Rémy UCHEDA
Artiste en résidence de mars à mai 1997
Né en 1969 à Ganges (34). Il vit et travaille à Paris.
Entre détente et tension, sourire et grimace, le quotidien ne cesse de s’infléchir en de subtiles variations de ton et d’atmosphère, en des volte-face imprévues.
Rémi UCHEDA bouscule les relations entre les êtres et les choses avec l’ambition de leur assigner une autre logique. Non pas celle que nous avons peu à peu enfermée dans des cadres trop rigides mais celle qui ne se prive pas de s’adapter aux circonstances les plus inattendues. Ce qu’il nous propose, c’est de soulever le couvercle de nos règles de vie, de nos mécanismes de perception et de nos habitudes de pensée afin de voir ce qu’il recouvre.
Ce qu’il défend ainsi, c’est la possibilité d’une vraie expérience poétique et d’un recours à des métaphores efficaces et paradoxales. Absurdité ? Bien sûr. Car ici l’absurdité ne correspond pas à une condamnation de la raison mais représente au contraire l’image retournée d’une logique que nous avons du mal à déchiffrer. Même lorsque Rémi UCHEDA dérange le plus notre conception de la logique, de l’utilité immédiate, de la rentabilité et de la fonction, il n’en conserve pas moins de solides attaches avec un sens de l’organisation marquée par la cohérence.
L’erreur consisterait donc à faire de cette oeuvre, le refuge de la frivolité d’un incorrigible farceur. Cela équivaudrait à passer à côté d’une faculté bien particulière de relier des extrêmes, de revivifier des notions, de concilier des contraires non pas dans le rêve d’une transcendance mais dans celui d’une évidence vécue. Cela reviendrait à nier le souci à la fois d’établir un équilibre et d’enregistrer les secousses de l’imagination.
Didier ARNAUDET
qui s’appartient l’index pressé au nez de tous, perdez le flou pour le doute marqué par terre, de tant de flèche du ventre en ceinte, du mal à épouser la planche raide sous s’appartient le pin pointu juché
04/97
sans y aller juste pour pencher changer d’angle d’attaque, d’un flanc à l’autre à user les témoins qui pourraient nous regarder, je tords le coup des vaches à trop ruminer, accéléré son côté d’une force centrifuge qui nous fait plus adhérer, déporté plus vite je reste à ma trajectoire tendu, lassé à tenir ses pieds loin de la route, les genoux collés à la réserve flexion du bout d’un compas à balancer sa pointe au désaxé de ses convictions, pression des paumes sans le maintenir donne l’inclinaison aux convulsions, tourné à perdre le coup le long d’un rail d’une asphalte saturée.
04/97
Le point le plus l’eau enrobé de l’écorce rouge, d’un petit trait clair qui essayé de rattraper le jour, mes poils s’enfilent autour de l’air à fond la joue, pommette à l’ombre de la terre, douce contre le banc de fer le haut de mes deux fesses semble se déplacé le long du dos, les yeux frais de l’air dans les sourcils un bruit doux tout baisse aujourd’hui, j’ai transpiré de la terre,
L’envie d’un poême sans rien lui seul le caresser de ses courbes se frotter à ses lettres en poil coussin à la paume d’un pubis contre ma joue, je compte, de l’énergie d’un trot attelé l’accéléré pousse l’ustensile à se baigner, péché de mon appât à trop presser sur son félin le long des deux monts au petit bouton roulent côte à côte, des glands serrés arrivés au fil départagé par le nain gros comme deux pouces planter la tête dans la mousse a secouer ses deux grelots contre une meule à s’aiguiser,
04/97
Tuer l’odieux d’aujourd’hui d’une situation qui se poursuit qui n’arrête pas, continue malgré la coupe de ta tenue précédente maintenant entendue; plante la cause qui demain portera le présent au futur; souffre le présent pris au piège par sa violence que tu as préparé du jour; si j’avais su souffrir le futur je porterais le présent bien vaillant; je ne sais pas avoir mal sans le savoir j’ai mal, comportement d’un mal être sans tenir l’aise du futur qui fait du bien, demain le souffre-douleur de mon esprit perd la tête.
28/04/97
Un homme venant de ma face répond à une question à contre sens par une histoire, que je prends pour moi je le frôle d’une épaule a contrario d’une direction mon attention se pousse continuant par le physique d’un pas il semblait seul, d’une attitude à deux la discussion se pare d’une boucle non lassée nos dos se regardent continuant chacun avec d’une marche sur le trottoir linéaire… je rattrape un autre du même sens il pose une question,
1/97
Entends mon brame ton cerf des bois pénètre ce râle de tout ton corps au bout des doigts s’enfonce dans le cerveau cherchant ton âme d’un tir de face, sur le poteau reprise des bois qui raclent se redresser, d’un velours raide près au duel d’assaillant hurle le bruit des chocs, au sang pour cette biche qui décide se faire prendre sans retenir, ou meurt ainsi les combattants de se décoincer d’un emmêlement farouche maintenant, pour revenir
05/97
Rémy UCHEDA
Artiste en résidence de Mars à Mai 1997
Catalogue 12 pages + couverture – 21 x 16,5 cm
6 photographies
Texte : Didier ARNAUDET

Edition réalisée dans le cadre de la résidence à Pollen – Epuisée –
Plaquette 4 pages – 21 x 29,5 cm
3 photographies