
[Incestum]
Durant la résidence Pollen, Elisabeth Schneider s'est lancé un défi : faire enfin aboutir le témoignage de « Katherina
Niestockel » son aïeule protectrice, son alter-ego imaginaire, son double pour ce travail.
Elle a rassemblé les séries de portraits réalisés entre 1991 et 2007, avec les moyens du bord, du Photomaton au
Polaroïd. En un temps où les mots lui étaient encore inaccessibles, enfermés par les tensions intérieures, Elisabeth
Schneider avait choisi la photo comme une évidence, poussée par l’absolue nécessité de raconter, de documenter cette
période de sa vie de jeune adulte. En ce temps, elle venait de porter plainte contre l’un des pires crimes qui soit
puisqu’il abuse de l’innocence d’un enfant, l’inceste.
Ce montage de sons et d’images nouvellement réalisé à Pollen qui ne montre que les brisures de l’âme, est
l’aboutissement d’un long parcours de reconstruction, d’observation et de réflexion. Sa forme tient du documentaire
poétique et permet une confrontation avec la peur que ce sujet provoque chez autrui - quand il ne le révulse pas.
[Incestum] est un témoignage dont l’élégance est la première force. Il réduit les préjugés en miettes et pose à sa
manière la difficile question du "comment agir" face à l’inceste, fléau encore tabou de nos jours. Et l’une des blessures
les plus difficiles à cicatriser.
Ce montage de 10 minutes est précédé d’un prologue présenté dans la première salle. Il est l'antichambre, le sas entre
l’extrinsèque et l’intime, entre la réalité et l’inimaginable.
Elisabeth Schneider est photographe auteur et documentaire.
Après s’être tenue à une esthétique où le cadre – rigoureux – est au service d’une sensibilité crue, d’une photographie
vibrante qui révèle l’intime, Elisabeth Schneider a, depuis plusieurs années, introduit deux nouvelles dimensions à son
travail : le son et le montage. Elle a même développé cette forme – de courts films multimédias – dans une série de
témoignages de femmes, qui sont autant de déclarations d’amour pour la vie. |